Si le vieil estuaire cherche ses grands bateaux,
Si le dernier marin dort dans quelque bureau,
La Gironde et la mer, au bout de la marée,
Reviennent chaque jour prêtes à recommencer.
Bordeaux qui pleure encore sur quelque nostalgie
De vieille dame anglaise qui fut abandonnée,
Bordeaux qui dort un peu quand elle se réfugie
Dans les vieux souvenirs d'une histoire dorée,
D'une histoire dorée.
Chez nous, de longues vagues de dunes blondes,
Chez nous, mettent un frein à l'océan,
Chez nous, le ciel et la mer se confondent,
Au loin, d'un même bleu, d'un même vent.
Et si les beaux quartiers comptent encore leurs pavés,
Si de riches familles portent des noms anglais,
Sur cette boucle d'eau, telle un croissant de lune,
Se survivent encore de très nobles fortunes,
Ici, à peine un toit, c'est déjà un château,
Dès que des pieds de vigne en maillent les côteaux,
Qu'un chai de pierres tendres, des caves centenaires,
Abritent leurs trésors dans des coffres de verre,
Dans des coffres de verre.
Chez nous, tous ces châteaux en ribambelles
Chez nous, font les soirées du monde entier,
Chez nous, les pins la vigne pêle-mêle,
Au loin, font une haie au vent d'été.
Chez nous, de longues vagues de dunes blondes,
Chez nous, mettent un frein à l'océan,
Chez nous, le ciel et la mer se confondent,
Au loin, d'un même bleu, d'un même vent,
D'un même bleu, d'un même vent.
1992 - ISCW : T-003.695.009.0
Album “Chez nous”