J’en ai connu des impatiences,
Pour une date, un rendez-vous,
Pour une ultime récompense,
Un vieux caprice, un rêve fou.
Mais le plaisir nu, l’instant de grâce,
A peine bus, déjà ils passent,
Toutes nos joies passent par maille,
Pas une fois sans funérailles…
Pourquoi faut-il que tout s’en aille,
Le goût des choses dès qu’on les a ?
Pourquoi toujours livrer bataille
Pour avoir tout ce qu’on n’a pas ?
J’en ai connu des préférences,
Des coups de cœur, coups de grisou,
Des vrais bonheurs, des ressemblances
Et des amours de quatre sous,
Rêve d’un soir, besoin d’une autre,
La robe noire que l’on ôte,
Départ furtif loin de son corps,
Retour tardif, la ville dort…
Pourquoi faut-il que tout s’en aille,
L’amour des femmes dès qu’on les a ?
Pourquoi toujours des épousailles
Pour aimer ceux qu’elles n’ont pas ?
J’en ai connu des espérances
Pour des spectacles de trois-quarts d’heure,
Des tours de piste, des pas de danse,
La peur au ventre, mauvais chanteur !
Succès prochain dans les oreilles,
Bruits incertains les soirs de veille,
Bravos d’un soir, des gens heureux,
Et le trou noir, séparés d’eux…
Pourquoi faut-il que tout s’en aille,
Tout ces bravos qui meurent déjà ?
Pourquoi toujours chercher rimaille
Pour des chansons qu’on oubliera ?
1993 - ISCW : T-003.695.034.1
Album “Chez nous”